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Trsors et biens des temples. Rflexions  partir de cas des Gaules : Neuvy, Champoulet, Cobannus (duens) Monique Dondin-Payre et Annemarie Kaufmann-Heinimann Le lundi 27 mai 1861,  Neuvy-en-Sullias, dans le Loiret,  32 km au sud-ouest d’Orlans, des ouvriers mirent au jour par hasard dans une carrire de sable environ 70 objets ou fragments d’objets antiques en bronze ; un jour indtermin de 1933,  Champoulet, une soixantaine de km  l’est de Neuvy, des terrassiers trouvrent par aventure, en creusant un canal, de « nombreuses statuettes et des vases de bronze gallo-romains ». Le premier ensemble est aujourd’hui communment dsign comme « trsor de Neuvy », le second comme « dp t » ou « cachette » de Champoulet. Pourquoi aucune de ces expressions ne fait-elle rfrence  la nature religieuse incontestable des deux ensembles ? Peut-on cerner plus prcisment les intentions qui ont prsid  leur constitution ? En somme que peuvent-ils apporter  la connaissance des biens des temples ? Cette circonstance remarquable – la dcouverte,  quelques kilomtres de distance l’un de l’autre, de deux ensembles d’objets rassembls volontairement – qui n’est qu’un hasard, permet d’examiner les lments susceptibles de fournir des rponses  ces interrogations en liminant les variables gographiques1. On nourrira la rflexion avec d’autres exemples, particulirement avec celui d’un groupe d’objets, dsign comme « cachette des Cobanni » 2. Tous les ensembles seront dsigns comme « dp ts », pour rester neutre quant  leur nature,  leur destination et  leur valeur. 1 2 Champoulet se trouve probablement  la limite occidentale de la cit snone, B. Debatty, « Les limites de la cit gallo-romaine des Snons. Perception et ralit », Hypothses 2004. Travaux de l’cole doctorale d’histoire de l’universit Paris I – Panthon-Sorbonne, 2005, p. 86 ; 90 – 92. Nous reprenons ici une appellation ancienne mais inapproprie puisqu’elle donne l’impression qu’il y a plusieurs Cobannus ; voir n. 8. Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 90 Archiv fr Religionsgeschichte, 11. Band, 2009 Tableau 1 : Composition compare des objets connus des dp ts de Champoulet, Neuvy et de Cobannus (duens) Nature de l’objet Ddicace Lieu Date propose3 Particularits Reprsentations associes au monde divin statuette de Mercure socle inscrit Champoulet fin IIe–dbut grande taille (50 cm) AE 1980, finance par collecte IIIe s. 641 statuette de Rosmerta socle inscrit Champoulet fin IIe–dbut AE 1980, IIIe s. 643 statuette d’Epona  cheval sans ? socle disparu Champoulet fin IIe–dbut IIIe s. socle de statuette d’Apollon AE 1980, 644 Champoulet fin IIe–dbut grande longueur du socle IIIe s. statuette d’Esculape sans ? socle disparu Neuvy-enSullias Ier s. importation de Mditerrane orientale ? Hercule enfant sans Neuvy-enSullias Ier–IIe s. fabrication locale support de meuble rutilis statuette de Mars sans ? socle disparu Neuvy-enSullias Ier–IIe s. fabrication locale statuette de Cobannus (1) (Getty) socle inscrit duens ; AE 1999, Cobannus 1173 – 1174 ; 2002, 906 milieu IIe s. grande taille (76 cm) casque militaire romain 3 Les datations sont toujours dlicates  tablir. Le plus souvent il faut recourir  des critres de style, avec toutes les incertitudes qui en dcoulent (voir, p. ex. Baratte 1999 ; Kaufmann-Heinimann 2007b, n. 50). Les diffrentes techniques de fabrication (martelage – coule) ne donnent des indices que pour la priode de transition entre le gaulois et le romain ; trs rarement une inscription fournit la date exacte, ainsi pour une statuette de Victoire en argent provenant de Tunshill (Lancashire, GB), dont ne survivent qu’un bras et la plaquette votive (Painter 2005). Compte tenu de toutes ces incertitudes, les dates proposes sont des orientations, non des affirmations. Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 Dondin-Payre / Kaufmann-Heinimann, Trsors et biens des temples 91 Tableau 1 : Composition compare des objets connus des dp ts de Champoulet, Neuvy et de Cobannus (duens) (suite) statuette de Cobannus (2) (White-Levy) AE 2000, 1845 ; 2002, 906 duens ; Cobannus IIe s. ? grande taille (52 cm) reprend le type de Mars juvnile inscription sur le socle ; douteuse statuette de Cobannus (3) (White-Levy) AE 2000, 1846 ; 2002, 906 duens ; Cobannus dbut Ier s. ? inscription sur le bouclier ; douteuse Reprsentations indtermines ou humaines 13 statuettes anthropomorphes sans Neuvy-enSullias fin peut-Þtre effigies indpendance divines –dbut Ier s. fabrication galloromaine deux bustes masculins (Getty) sans duens ; Cobannus 2e moiti Ier s. fabrication galloromaine Reprsentations animales taureau ignor Champoulet fin IIe–dbut fabrication galloromaine IIIe s. ? cheval CIL, XIII, 3071 Neuvy-enSullias dbut Ier s. cerf sans ? socle disparu Neuvy-enSullias fin fabrication galloindpendance romaine –dbut Ier s. taureau sans ? socle disparu Neuvy-enSullias Ier–IIe s. bovid sans Neuvy-enSullias fin grande taille (34 x indpendance 47 cm) –dbut Ier s. fabrication galloromaine cerf (White-Levy) sans duens ; Cobannus fabrication gallofin indpendance romaine –dbut Ier s. statuettes animales sans duens ; Cobannus inconnu grande taille (1 m de haut) fabrication galloromaine fabrication galloromaine inconnu Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 92 Archiv fr Religionsgeschichte, 11. Band, 2009 Tableau 1 : Composition compare des objets connus des dp ts de Champoulet, Neuvy et de Cobannus (duens) (suite) grand sanglier sans Neuvy-enSullias grande taille (80 x fin indpendance 125 cm) –dbut Ier s. fabrication galloromaine 3 sangliers ou parties de – sans Neuvy-enSullias fin fabrication galloindpendance romaine –dbut Ier s. Objets cultuels ou utilitaires patre AE 1980, 642 Champoulet fin IIe–dbut inscription au centre IIIe s. patre sans Champoulet fin IIe–dbut IIIe s. 3 patres sans Neuvy-enSullias Ier-IIe s. ? situle (White-Levy) AE 2000, 1847 ; 2002, 906 duens ; Cobannus fin Ier–IIe s. cruche ovo de sans Champoulet fin IIe–dbut IIIe s. tronc  offrandes (Getty) sans duens ; Cobannus Ier–IIe s. en forme de monument funraire ; tait surmont d’une statuette trompe inscription non dchiffre Neuvy-enSullias Ier–IIe s. instrument cultuel (plut t que militaire) inscription sur le col Ses circonstances de dcouverte tant peu claires, la composition originelle du dp t de Champoulet reste inconnue4 ; le Muse des Antiquits nationales de Saint Germain a acquis 8 lments : les effigies de trois divinits, Mercure, Rosmerta et Epona, le moulage de pl tre d’un petit taureau, un socle isol, une patre inscrite et deux pices de vaisselle (fig. 1). Le Mercure, d’une hauteur remarquable (50 cm), est travaill trs soigneusement, en fonte creuse et avec des additions en cuivre (mamelons et pupilles). Il a perdu son ptase ainsi que ses attributs, la bourse et le caduce. Le got ornemental se manifeste dans les boucles des cheveux, la petite bouche et le regard fixe des grands yeux. Le 4 Ce dp t a t trs tudi ; pour une mise au point rcente, l’iconographie et la bibliographie, Kaufmann-Heinimann 2007a, p. 205 – 207 et 221 – 223, notice 35. Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 Dondin-Payre / Kaufmann-Heinimann, Trsors et biens des temples 93 model assez lourd du corps combin avec une certaine raideur plaide en faveur d’une datation des dcennies autour de 200 ap. J.-C., ce que ne contredit pas le formulaire pigraphique qui figure sur un haut socle inscrit. Le mÞme type de socle, inscrit lui aussi, est utilis comme support de la statuette de Rosmerta, divinit de l’abondance qui se manifeste trs souvent comme pardre de Mercure. Ici, elle appara t comme une cration totalement indpendante, ne serait-ce que par sa taille nettement infrieure (24 cm). VÞtue d’un chiton et d’un manteau, elle est coiffe d’un diadme ; elle prsente une patre de la main droite et de la gauche peut-Þtre une bourse. Modele habilement  partir de moules, elle pourrait dater, elle aussi, de la fin du IIe s. ou du dbut du IIIe s. Par rapport  ces deux statuettes, celle de la desse Epona se caractrise par un style plut t na f : attitude fige, robe simple aux plis traduits par de courtes incisions en zigzag. De la main droite elle tend une patre, sa main gauche tenait les rÞnes du cheval ou une corne d’abondance. Le rendu du cheval privilgie aussi les grandes formes lisses, sans trop de souci du dtail. Les modles en cire en ont, sans doute, comme pour le petit taureau, t raliss  main leve. Trs probablement Epona et son cheval taient monts sur un socle, sans doute inscrit.  l’inverse, pour la dernire figure, le socle est conserv mais pas la statuette, dont la reconstitution pose certains problmes, car la longueur exceptionnelle du socle oriente plut t vers un groupe alors que le texte ne mentionne qu’Apollon : peut-Þtre s’agit-il de l’utilisation secondaire d’un socle qui,  l’origine, n’tait pas inscrit5 ? Trois pices de vaisselle appartiennent au dp t : deux patres ordinaires, dont l’une est inscrite, et une cruche  panse ovo de  laquelle semble appartenir une anse dcore excute sparment ; ce type de cruche a t fabriqu en Gaules et en Germanies au IIe et au IIIe s. Le rendu des statuettes, de leurs visages surtout, rvle, malgr les diffrences de qualit, une certaine parent stylistique tandis que la graphie des inscriptions tmoigne de quatre mains diffrentes. Ce n’est pas gÞnant puisque ceux qui confectionnaient les statuettes n’taient pas ncessairement les mÞmes que ceux qui crivaient les inscriptions : autour des sanctuaires antiques des boutiques proposaient des stocks d’offrandes prÞtes  Þtre achetes par les fidles, ventuellement  Þtre personnalises. Le Mercure prsente la particularit d’avoir t confectionn  la suite d’une commande collective ; sans doute est-ce la raison pour laquelle il dpasse la taille moyenne de la plupart des statuettes votives. Il n’est cependant pas exclu que les mÞmes artisans soient  l’origine de toutes ces ralisations, auquel cas il pourrait s’agit de commandes cibles et non d’objets en stock, ou d’un mlange des deux types de fabrication, en srie et  l’unit. 5 Kaufmann-Heinimann surtout 2007a, p. 223. Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 94 Archiv fr Religionsgeschichte, 11. Band, 2009 Fig. 1. Dp t de Champoulet (Loiret). H. de la plus grande statuette 50 cm. Clich Muse d’Archologie nationale, Saint-Germain-en-Laye (L. Hamon). Dans le dp t de Neuvy,  l’inverse de celui de Champoulet, les statuettes anthropomorphes sont minoritaires par rapport aux figures animales6 (fig. 2). La pice ma tresse, la plus grande, est le cheval haut de plus d’1 m, un chefd’œuvre de l’art du bronze, fonte  la cire perdue fabrique en plusieurs tapes et coule. L’talon robuste est reprsent en posture martiale, l’antrieur gauche lev. La bride renvoie  sa fonction de monture ; pourtant, aucune trace de cavalier n’est conserve. Du point de vue stylistique, ce cheval incarne un prototype d’art gallo-romain au sens propre : le rendu de l’anatomie et du mouvement est nourri d’une ma trise approfondie de l’art classique grcoromain tandis que les proportions un peu lourdes et le got pour l’ornementation renvoient  l’art gaulois. Les quatre anneaux fixs dans les coins permettaient son transport au moyen de barres disposes en long, par exemple pendant les processions. Deux tapes successives d’emplacement de ces anneaux plaident en faveur d’une priode assez longue d’utilisation. Le c t court du socle,  l’avant, porte une inscription. Parmi les cinq autres animaux, un cerf en bronze tmoigne d’une mÞme synthse stylistique que le cheval, avec un penchant un peu plus marqu vers 6 Pour tout ce qui concerne Neuvy, voir la dernire publication, Cheval. Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 Dondin-Payre / Kaufmann-Heinimann, Trsors et biens des temples Fig. 2. Dp t de Neuvy-en-Sullias (Loiret). D’aprs Mantellier 1866, pl. II (dessin Ch. Pense). Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 95 96 Archiv fr Religionsgeschichte, 11. Band, 2009 l’art gaulois dans la position statique et dans le traitement du pelage. Les grands animaux en t le chaudronne avaient t volontairement dmembrs lors de l’amnagement du dp t et ont t remonts aprs la dcouverte, donc des incertitudes de dtail subsistent. Le plus grand sanglier tmoigne d’une forte composante romaine classique tandis que les trois autres sont purement gaulois. Leurs fonctions peuvent avoir t multiples : peut-Þtre, comme cela a t suggr, auraient-ils pu servir d’enseignes militaires pendant la priode de la Gaule indpendante et, plus tard, avoir t utiliss comme objets votifs7 ; ils peuvent aussi n’avoir eu que la seconde vocation. La statuaire anthropomorphe pose, aujourd’hui encore, de grands problmes d’interprtation. Si le grand homme vÞtu d’un sagum et de braies entre facilement dans le cadre connu de l’art gallo-romain, trois autres statuettes – dsignes comme le grand danseur et la grande et la petite danseuses – s’loignent beaucoup des modles classiques, tout en tmoignant d’une assurance remarquable dans le model. En revanche, les six autres statuettes d’hommes et de femmes, pour la plupart nus, semblent Þtre l’œuvre d’un artisan qui, tout en imitant des modles, n’tait familier ni du travail de la cire ni mÞme du travail en ronde-bosse. Leur sujet et leur signification nous chappent entirement ; on peut exclure qu’il s’agisse d’Þtres humains, mais aucun parallle dans le monde divin ne s’impose. On est presque tonn de se trouver, ensuite, face  quatre figurines de style trs courant : une belle statuette d’Esculape qui semble Þtre une pice importe de Mditerrane orientale tandis que Hercule enfant, Mars et le petit taureau pourraient Þtre des produits gallo-romains locaux. Avant de faire partie du dp t du sanctuaire, Hercule enfant servait de support  un meuble dpourvu de toute fonction rituelle. Le tour d’horizon du dp t de Neuvy se termine avec une trompe et trois patres de forme banale qui pouvaient Þtre utilises dans un contexte profane ou rituel ; que les patres aient fait partie du dp t plaide en faveur de leur utilisation secondaire dans l’quipement du sanctuaire ; quant  la trompe, c’est un objet tout  fait remarquable, par son inscription qui n’a pas encore pu Þtre dchiffre de manire satisfaisante, comme par sa conservation presque parfaite ; de facture purement romaine, elle aurait, pense-t-on, t utilise dans un premier temps en contexte militaire avant d’entrer dans le dp t du sanctuaire, mais, comme pour les sangliers, la seconde destination est plus vraisemblable. Rsumons les caractristiques essentielles du dp t de Neuvy, dont les diffrences avec celui de Champoulet ne sont pas ngligeables. Comme pour le Mercure de Champoulet, une collectivit a fait excuter l’offrande la plus importante, mais,  la diffrence de Champoulet, aucun don n’est attribu explicitement  un individu. Le dp t de Champoulet runit des objets de 7 Vial 2007, p. 64 – 76 et 215 – 216. Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 Dondin-Payre / Kaufmann-Heinimann, Trsors et biens des temples 97 caractre sacr pour la plupart ou qui, profanes, ont t transforms en offrandes votives par les inscriptions, comme la cruche et la petite patre ; tous semblent dater d’une priode assez courte,  savoir la fin du IIe – le dbut du IIIe s. En revanche, le dp t de Neuvy impressionne par le grand nombre d’objets qui,  l’origine, n’avaient pas de fonction religieuse : le support avec Hercule enfant, les patres, et peut-Þtre les sangliers et la trompe. Il n’est pas facile de se prononcer sur la fourchette chronologique du dp t mais elle para t assez large, couvrant une bonne partie du Ier s. av. et au moins le dbut du Ier s. ap. J.-C., sans compter que la trompe, les patres, l’Hercule enfant et le Mars pourraient aisment dater du IIe s. L’ensemble associ  Cobannus, plus mystrieux, constitue un cas de figure diffrent des prcdents : l’auteur, le lieu, la date de dcouverte devront Þtre confirms, mais le lien entre les objets est certain. Il est dsign comme « le trsor cach du dieu Cobannus », ou « la cachette des Cobanni », expression tout  fait inadapte puisqu’il s’agit d’un dieu unique8. On conna t actuellement du dp t deux bustes masculins, trois statuettes de divinits masculines, un cerf, un tronc  offrandes et une situle (fig. 3). Les deux bustes de jeunes gens, sans doute gallo-romains, prsentent une particularit : leur coiffure est divise en deux par un sillon transversal, une caractristique du travail des bronziers gaulois qui s’est perptue, notamment en Gaule romaine et en Italie du Nord9 ; trs probablement des mches rapportes taient  l’origine soudes  l’arrire des deux tÞtes. Ces bustes s’inscrivent dans la deuxime moiti ou  la fin du Ier s. La pice la plus spectaculaire est la grande statuette d’un dieu qui ne serait pas identifiable si son nom, Cobannus, n’tait indiqu sur le socle (fig. 4). Sa qualit artistique est extraordinaire et ses caractres typologiques le diffrencient de tout ce qu’on connaissait. Il est vÞtu d’un trs fin chiton  manches longues, de braies et d’une ample chlamyde – une combinaison tout  fait inhabituelle puisque, d’ordinaire, la grande chlamyde est porte par Mercure10. Sa main droite leve tenait une lance, sa main gauche s’appuyait sur un bouclier pos  terre. Sa tÞte casque est encadre de boucles volumineuses – un dtail qui le rapproche du grand Mars de Coligny11 ; ses oreilles ne sont pas figures : elles devaient Þtre caches par des couvre-joues aujourd’hui manquants. Ce dtail prouve que le casque n’a pas t ajout plus tard, or il s’agit exactement d’un 8 Ce sont les titres des rubriques de l’AE 2000, 1845 – 1847 ; voir n. 2. Sur la trouvaille Fellmann 2001, et, en dernier lieu Pollini 2002 avec Rolley 2002. 9 Rolley 2002, p. 282 – 284. 10 Voir, p. ex., la statuette de Mercure en argent du dp t de Berthouville dans la cit des Lexovii : Babelon 1916, n8 2 pl. IV. 11 S. Boucher, S. Tassinari, Bronzes antiques du Muse de la civilisation gallo-romaine  Lyon, Lyon, 1976, I n8 43. Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 98 Archiv fr Religionsgeschichte, 11. Band, 2009 Fig. 3. Deux statuettes, cerf et situle du dp t « de Cobannus ». H. de la plus grande statuette 51,5 cm. Collection prive Shelby White and Leon Levy, New York, Clich Bruce White, New York. casque de type Niederbieber, utilis surtout par la cavalerie romaine au IIe s.12, ce qui co ncide avec les donnes stylistiques qui orientent vers le milieu du IIe s. La deuxime statuette, d’une hauteur remarquable elle aussi, serait identifie  coup sr avec Mars, par son casque – cette fois de type corinthien ordinaire – et par 12 En dernier lieu Pollini 2002, p. 28 – 29 fig. 71. Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 Dondin-Payre / Kaufmann-Heinimann, Trsors et biens des temples 99 Fig. 4. La grande statuette du dp t « de Cobannus ». H. 67,5 cm. Clich The J. Paul Getty Museum, Villa Collection, Malibu, California. son bouclier, si l’inscription du socle ne nous informait qu’il s’agit encore de Cobannus. Il correspond  un type de Mars jeune nu trs rpandu en Gaules, au torse trs muscl et d’un model puissant. Les particularits stylistiques du visage Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 100 Archiv fr Religionsgeschichte, 11. Band, 2009 le rapprochent d’une srie de quatre bustes de divinits provenant de Lewarde (Nord)13. Il pourrait se placer vers la fin du IIe s. La troisime statuette, la plus petite, rappelle vaguement les statuettes de Neuvy, avec ses petits pieds, ses petites mains et son model trs stylis. Elle pourrait dater d’une priode de transition, au dbut du Ier s. ; ce qui reste sans parallle jusqu’ici est l’inscription place sur le bouclier qui dsignerait explicitement la statuette comme objet votif offert  Cobannus. Il y avait une quatrime statuette, haute de 20  25 cm, comme le prouvent les traces de soudure de deux pieds sur un tronc  offrandes qui a la forme de monument funraire (fig. 5). Il est impossible de dire si la statuette s’tait dtache du toit dans l’antiquit ou si elle en a t spare depuis. Une reprsentation de cerf aux cornes rapportes rappelle par son style, sa position statique et son long corps le cerf de Neuvy ; elle se situerait donc  la fin de l’poque gauloise ou au dbut du Ier s.14. Le dernier objet connu est une situle bitronconique, d’un type attest en Italie et en Gaule de l’poque flavienne  l’poque antonine. Cette pice de vaisselle  usage domestique a t transforme en objet votif par son inscription.  ces pices on sait officieusement que s’en ajoutent d’autres, notamment une srie de statuettes animales, de taille plus petite que les prcdentes, et un trs grand nombre de monnaies. Le dp t de Cobannus se distingue donc nettement des deux dp ts prcdents : la palette des styles est beaucoup plus tendue, et la fourchette chronologique beaucoup plus large, du Ier s.  la fin du IIe s. au moins, pour les objets, les monnaies s’chelonnant jusqu’au dbut du IVe s.  partir de ces descriptions, les critres de dtermination de la nature, religieuse ou non, des dp ts, peuvent Þtre analyss avant d’envisager leur appartenance aux biens de temples. Le vocabulaire contemporain n’apporte pas d’lment de discrimination : actuellement trois mots principaux sont employs pour dsigner ces ensembles. Le mot « trsor » renvoie  une ide de richesse ; le mot « dp t » suggre  la fois l’intention de mise en scurit et l’entassement dsordonn, mais n’voque pas de valeur spciale des objets ; « cachette » ne suggre que la volont de dissimulation, sans implication quant  la composition. Pour cerner la nature des ensembles, il faut recourir essentiellement aux modalits des dcouvertes qui 13 Gricourt 1958. 14 Cet objet, beaucoup plus petit, ne se superpose pas au taureau pigraphe qui faisait partie de l’ensemble (information prive). Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 Dondin-Payre / Kaufmann-Heinimann, Trsors et biens des temples Fig. 5. Le tronc  offrandes du dp t « de Cobannus ». H. 51 cm. Clich The J. Paul Getty Museum, Villa Collection, Malibu, California. Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 101 102 Archiv fr Religionsgeschichte, 11. Band, 2009 permettent de conna tre le contexte immdiat et l’agencement du dp t, et  l’apport de l’pigraphie15. Pour pouvoir envisager formellement qu’il s’agit d’un dp t de sanctuaire, il faut que les objets soient placs de faÅon intentionnelle, soigne, dans une cavit et, une fois ce fait avr, il conviendrait de rechercher des traces de sanctuaire  proximit. Or la modalit des dcouvertes, apparemment un critre factuel simple, se rvle souvent dlicate  tablir. En crasante majorit les trouvailles, qu’elles soient fortuites, faites  l’occasion de travaux, ou intentionnelles mais non officielles, relvent de personnes plus concernes par la valeur montaire que par l’intrÞt scientifique. Les circonstances restent souvent obscures, soit parce que les inventeurs ne mesuraient pas l’intrÞt de les enregistrer, soit parce qu’ils voulaient viter le risque d’Þtre dpossds. La date n’a aucun rapport avec la prcision, qui n’augmente pas au fil du temps : il y a un sicle et demi Philippe Mantellier a enregistr les dtails de Neuvy aussi bien qu’il lui tait possible ; ceux de Champoulet, il y a moins d’un sicle, sont vagues ; quant au plus rcent, l’ensemble de Cobannus, bien que ce soit assurment un dp t organis, il est entour de mystre. En mai 1861, Philippe Mantellier, alors conservateur du muse d’Orlans, averti de la dcouverte de Neuvy-en-Sullias, se rendit immdiatement sur les lieux; en dpit de cette efficacit, une marge d’incertitude non ngligeable subsiste sur la composition du dp t, mais Mantellier examina la carrire de sable d’o il provenait, la cavit d’1,5 m de c t, dont les parois et le fonds taient faits de briques et de tuiles, et le toit sans doute en bois ; il recueillit les tmoignages dtaills des acteurs et rdigea l’ensemble dans un mmoire illustr qui fait encore autorit aujourd’hui16. Il note que des objets ont disparu avant son arrive. En revanche, la communication du dp t de Champoulet, mis au jour plus de sept dcennies aprs, fut diffre de 50 ans.  peine a-t-on ide d’une date approximative d’apparition, vers 1933,  peine conna t-on le nom de la commune, Champoulet, et vaguement les circonstances, le creusement d’un canal entre deux tangs ; rien n’a t diffus, ni sur la localisation, mÞme approximative, de la proprit concerne, rien donc sur l’environnement, ni sur la composition globale du dp t qui fut immdiatement partag, en deux dit-on toujours sans le savoir avec certitude, sur le principe que ces quipes de manœuvres comprenaient en gnral deux employs ; en fait certainement en des parts plus nombreuses, car le propritaire du terrain et le commanditaire des 15 De plus en plus rgulirement les diteurs de « trsors » s’interrogent sur la mthodologie et la terminologie ; ainsi, Aubin 2007 ; Baratte surtout 1992, 1993, 1996 et 2007 ; Kaufmann-Heinimann surtout 2007b. Pour des rflexions gnrales, Knzl 1997 ; Painter-Knzl 1997. 16 tude complte, Mantellier 1866 ; Gorget 2007. Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 Dondin-Payre / Kaufmann-Heinimann, Trsors et biens des temples 103 travaux, qui n’taient pas ncessairement la mÞme personne, s’ajoutent  ce chiffre ; le nombre d’objets est sans conteste (beaucoup) plus important que le total actuel. Il est sr qu’une partie, au moins la moiti de l’ensemble, peut-Þtre plus, « disparut » (vendue  un ferrailleur ?) ; une autre, reste ou venue en possession d’un ch telain qui la cda  un antiquaire, fut acquise par le Muse des Antiquits nationales de Saint Germain en 197617. Ce n’est qu’alors, en 1980, que ces objets furent connus et tudis. Le cas de l’ensemble de Cobannus est extrÞme, et passionnant du point de vue mthodologique. Sans entrer dans les dtails, esquissons son histoire : en 1989 un clbre couple de collectionneurs amricains, Lawrence et Barbara Fleischmann, fit don au muse Getty des deux bustes masculins ; dans les annes 1990 le muse leur acheta en deux temps le tronc montaire, puis la grande statue18 ; certainement, il avait jet son dvolu sur les deux pices parce qu’elles appartenaient au mÞme lot, auquel le nom du dieu Cobannus inscrit sur le socle de la statue donnait tout son sens ; plus tard, le Getty acquit la totalit de la collection Fleischmann.  ce moment-l, le lot tait rput avoir t trouv dans les annes 1940, pendant la guerre ou immdiatement aprs, dans la rgion de BesanÅon. Paralllement, une information circula selon laquelle un autre couple de collectionneurs amricains, Shelby White et Leon Levy, qui donnait assez libralement accs  sa collection, dtenait aussi des objets sur lesquels figurait le nom du mÞme dieu, Cobannus, et dont la provenance tait similaire. La date de leur acquisition et ses circonstances sont,  ce jour, officiellement ignores. Il s’agit des quatre autres objets connus, dont trois sont inscrits : la situle, les deux autres statues de dieu, le cerf anpigraphe. Tous les textes mentionnent Cobannus. Ces objets auraient t trouvs avec ceux de la premire srie,  une date un peu plus prcoce que celle qui tait avance, juste avant ou juste aprs 1940,  un emplacement situ entre Annecy et Annemasse. Quoique ce glissement ne soit pas indiffrent car on passe de la cit des Squanes (BesanÅon)  celle des Helvtes, il est inutile d’piloguer sur la question car cette localisation, errone, aurait t donne par le « marchand » (dealer),  un professeur amricain, John Pollini19. Celui-ci a, en 2002, fait une publication globale du « trsor de Cobannus », publication dont le mrite est de prendre en 17 Le plus probable, mais non assur, est qu’elle tait reste aux mains du propritaire du terrain o la trouvaille a t faite, comme ddommagement au moment du partage. Ces pripties expliquent la prsentation tardive  l’exposition Cinq annes d’enrichissement du patrimoine national, Paris, Grand Palais, 1980, p. 11 – 12, n8 8. Nos remerciements chaleureux vont  Hlne Chew, Conservatrice en chef charge des collections galloromaines au Muse d’Archologie nationale, qui nous a apport une grande aide. 18 Lavagne 1999, p. 690, n. 4 (par erreur la date du don est fixe  1989). 19 Pollini 2002 : « It has been said that this hoard was found in the vicinity of ancient Vesontio (BesanÅon) ; however, the cache was in fact discovered between Annecy and Annemasse (note 3 : I thank the dealer for this information) ». Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 104 Archiv fr Religionsgeschichte, 11. Band, 2009 compte tous les objets alors connus et d’en donner de nombreuses photos20. De fait, la localisation du dp t est bien, comme il avait t tabli  partir de l’pigraphie, la cit des duens, au bois de Couan, l o l’inscription citant Cobannus avait t trouve en 197321. Le contexte immdiat et l’agencement du dpt, indices solidaires l’un de l’autre, contribuent  l’valuation de sa nature. Le contexte immdiat, mis  part les cas d’environnement priv avr (quartier d’habitations, demeure isole), est trs souvent obscur ou ignor ; sauf lors de fouilles programmes – et encore – le flou rgne22 ; tout au plus la prsence de vestiges monumentaux ou d’objets peut-elle avoir t signale dans un primtre plus ou moins proche. De fait, on ignore si des tablissements de caractre religieux se trouvaient  proximit des trois dp ts considrs : le propre des « trsors », tant, estime-t-on, leur caractre secret, l’association  une structure banale n’a t qu’exceptionnellement envisage. Il serait intressant que des investigations soient faites quand cela est encore possible.  dfaut, le mode d’enfouissement constitue un indice de poids : conna tre l’agencement de la « cache » est ncessaire pour dterminer la motivation du dp t. Du fait que les ensembles les mieux documents sont isols dans une cavit qui leur est propre, amnage souvent avec des tuiles, des pans de bois, et non enfouis dans un contenant, on en dduit que ce sont des « cachettes » : ce mot implique qu’on a voulu soustraire les objets  la vue pour les protger mais n’indique pas le mobile de cette dcision. Or on sait que de multiples raisons peuvent conduire une communaut cultuelle  mettre de c t, en suivant certaines rgles, des objets ayant t exposs ou utiliss ; les favissae, ces fosses installes  proximit du temple ou dans le primtre sacr, correspondent  cette intention ; ce terme, qui s’applique en fait au Capitole de Rome (voir ci-dessous n. 53), implique des rituels d’accompagnement dont on ignore s’ils transparaissaient dans l’agencement des dp ts considrs ; peut-Þtre le dmembrement des sangliers de Neuvy en porte-t-il trace, au-del des impratifs d’encombrement. En tous cas il faut envisager que ces dp ts puissent Þtre en relation avec un temple ou un primtre sacr ; leur prsence devrait Þtre prise en compte dans cette optique lorsque l’on dessine une carte des lieux de 20  complter par le CR critique de Rolley 2002, p. 281 – 287, qui parle trs justement de « dp t ». Fellmann 2001 avait dj donn une description et une analyse de l’ensemble. 21 M. Dondin-Payre, M. Th. Raepsaet-Charlier, « Un duumvir non localis », Cits 1999, p. 353 – 354 avaient dj propos, sur la foi de la formule ddicatoire, une origine duenne maintenant assure. La dcouverte a t faite prs de Fontenay-prs-Vzelay et non Fontaine-prs-Vzelay (erreur frquente, e. g. AE 2002, 906) localisation qui entra ne une confusion avec Fontaines Sales, la prcision n’est pas inutile car la zone est limitrophe entre les Snons et les duens. Cf. n. 34. 22 MÞme dans le cas de la fouille programme de Vaise, Vaise 1999, l’incertitude domine. Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 Dondin-Payre / Kaufmann-Heinimann, Trsors et biens des temples 105 culte, et une surveillance archologique autour de ces points pourrait rvler des informations de ce type, comme ce fut le cas  Berthouville23. L’pigraphie apporte  l’identification des dp ts une contribution essentielle pour cerner la ou les divinits au(x)quelle(s) les objets sont offerts ; identifier des ddicants ; dater la rdaction des textes ; manifester de faÅon explicite le caractre sacr d’objets qui n’ont, en eux-mÞmes, pas de vocation religieuse : du fait qu’ Champoulet une patre inscrite d’un intitul votif et une autre, anpigraphe, coexistent, on peut dduire le caractre religieux de la seconde. Tableau 2 : Dnomination des intervenants divins et humains rfrences ddicants statut dnomination – linguistique Carnutes, CIL Augusto Rudiobo XIII 3071, sacrum Neuvy-en-Sullias curia Cassiciate groupe officiel celtique Senons, AE 1980, 641, Champoulet in honorem domus diuinae deo Mercurio Dubnocaratiaco dvots de Mercure groupe (ex stipe eius) informel Senons, AE 1980, 643, Champoulet Augusto saccrum deae Rosmertae Dubnocaratiaci Marrosso Marulli filius (la lecture Maross(us) est errone) prgrin pre : latin celtique fils : celtique Senons, AE 1980, 644, Champoulet Augusto sacrum Nobilis Titiani f. deo Appolino (sic) Dunocaratiaco prgrin pre : latin italien fils : latin italien Senons, AE 1980, 642, Champoulet Augusto sacrum Mercurio Dubnocaratiaco Messa Marulli prgrin pre : latin celtique fils : celtique duens, AE 2000, 1847 (White-Levy) deo Cobanno Samotalus Brigonis f. Augustodunesis prgrin pre : celtique fils : celtique duens, AE 2000, 1846 (White-Levy) Augustu sacru deo M. Tut(i)u(s ?) Cobannu Cassio douteuse douteux divinits citoyen gentilice romain ? celtique ? surnom ? 23  Berthouville les fouilles partielles du P. de La Croix ont rvl des structures de temples qu’il a prises pour des habitations, Babelon 1916, plan, p. 28 ;  Notre Dame d’AllenÅon, la prsence d’un sanctuaire de Minerve nous semble beaucoup plus probable qu’ Baratte 1981, p. 20 – 21. Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 106 Archiv fr Religionsgeschichte, 11. Band, 2009 Tableau 2 : Dnomination des intervenants divins et humains (suite) duens, AE 2000, 1845 (White-Levy) deo Cobanno douteuse Geminianus Solini prgrin douteux douteux duens, AE 1994, 1915 ; 1999, 1173 – 1174 (Getty) Augusto sacrum deo Cobanno L. Maccius citoyen gentilice latin Aeternus duumvir romain indigne magistrat surnom latin italien pre : celtique ? fils : latin italien ? curateurs Carnutes, CIL Augusto Rudiobo XIII 3071, sacrum Neuvy-en-Sullias Ser. Esumagius Sacrovir citoyen romain tous noms celtiques Carnutes, CIL Augusto Rudiobo XIII 3071, sacrum Neuvy-en-Sullias Ser. Iomaglius Severus citoyen romain gentilice celtique surnom latin italien Sedatus Valloicis prgrin pre : celtique fils : latin celtique Senons, AE 1980, 641, Champoulet in honorem domus diuinae deo Mercurio Dubnocaratiaco  Neuvy, l’avant du socle du cheval porte une inscription : Aug(usto) Rudiobo sacrum / cur(ia) Cassiciate d(e) s(ua) p(ecunia) d(edit) / Ser(uius) Esumagius Sacrouib(=r), Ser(uius) Iomaglius Seuerus / f(aciendum) c(urauerunt), « Consacr  Rudiobus, auguste ; la curie Cassiciate a fait ce don  ses frais ; Servius Esumagius Sacrovir, Servius Iomaglius Severus ont t chargs de l’excuter ». Cette ddicace romaine tout  fait classique dans sa forme exprime des ralits en partie celtes24. Rudiobus, dont l’identit nous chappe est indubitablement un dieu celtique, dont le nom est latinis et dclin ; le qualificatif Augustus, trs banal et sans rapport direct avec le culte imprial, montre que son culte tait insr dans ceux de la cit des Carnutes et plus gnralement dans la religion de l’empire. La curie Cassiciate (toponyme celtique tir de cassica, la jument, translittr en latin25) a dsign des mandataires pour assurer l’excution de 24 On reprend rapidement l’argumentation dveloppe ailleurs, M. Dondin-Payre, « La ddicace du cheval de bronze du dp t de Neuvy-en-Sullias (Carnutes) : le celtique »contre« le latin ? », Espaces et pouvoirs dans l’Antiquit de l’Anatolie  la Gaule. Hommages  Bernard Rmy, d. par J. Dalaison, Lyon, 2007, p. 307 – 317. 25 La curia Cassiciate est un rassemblement, constitu autour d’un homme ou d’un lieu antrieurement  l’occupation romaine et maintenu ensuite ; voir J. Scheid, « Aspects religieux de la municipalisation. Quelques rflexions gnrales », Cits 1999, p. 402 – 417. Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 Dondin-Payre / Kaufmann-Heinimann, Trsors et biens des temples 107 l’offrande qu’elle a paye (sua pecunia). Ces curatores (ligne 4) se distinguent par leur statut juridique de citoyens romains  une poque (I er s.) o la citoyennet n’tait pas gnralise. Les Servii, Esumagius Sacrovir et Iomaglius Severus, sont indignes. L’inscription du cheval de Neuvy identifie la totalit du dp t comme appartenant  un sanctuaire parce que l’initiative de l’offrande principale revient  une collectivit officielle organise qui a mis en œuvre un financement et une excution complexes et indirects. Le caractre anpigraphe des autres lments ne permet pas de savoir si des divinits autres que Rudiobus taient honores au mÞme lieu, mais leur association au cheval les englobe dans l’intention du dp t.  Champoulet quatre objets – une patre, trois statuettes dont celle de Mercure – portent des ddicaces trs banales qui rvlent les caractristiques suivantes : comme  Neuvy le culte est insr dans le contexte de la religion de l’empire, toutes les mentions divines y tant lies  celle de l’empereur ou de la famille impriale ; l’encha nement Aug. + sacrum + deo/ae + nom du dieu date du milieu du IIe s. au milieu du IIIe s.26 ; les dieux honors sont multiples, cas de figure banal pour les sanctuaires : deux fois Mercure, Apollon et Rosmerta ; mais ils sont associs par une qualification forme sur Dubnocaratiacum soit adjective – Dubnocaratiacus pour Mercure et Apollon -, soit locative – Dubnocaratiaci pour Rosmerta. Dubnocaratiacum, toponyme de l’poque celte, est translittr en latin, exactement comme  Neuvy. Le rattachement  un « domaine rural » de ce sanctuaire plurivalent est infond. Les trois ddicants sont des particuliers dont deux, Marrosso et Messa, sont certainement frres puisqu’ils sont fils de Marullus27 ; ils sont tous prgrins, donc antrieurs  212 – 213. La grande reprsentation de Mercure a t, elle, finance par une collecte, ex stipe eius. Le dveloppement ex stipendio, qui fait du donateur un soldat ayant utilis sa solde pour payer son don, est erron puisque, comme  Neuvy, un curateur, le prgrin Sedatus fils de Valloix, a t dsign par la collectivit pour veiller  la ralisation de l’objet financ par la runion de fonds appartenant au dieu (eius). Ex stipe dsigne des oprations ralises gr ce  des dons accumuls, notamment dans un tronc comme celui du dp t de Cobannus28. Stips suppose une organisation sur la dure impliquant une communaut, spcificit qui 26 L’articulation du formulaire est formelle quant  la date et aux cits concernes, M. Th. Raepsaet-Charlier, Diis deabusque sacrum : formulaire votif et datation dans les trois Gaules et les deux Germanies, Paris, 1993, p. 55 – 56. 27 La lecture Maross(us), AE 1980, 643, reprise par M. Dondin-Payre, « L’onomastique des cits de Gaule centrale », Noms 2001, p. 285, 300, 304 est indubitablement errone : Marrosso est trs clairement incis. 28 Thesauros et stips ne sont pas synonymes : l’un implique tarifs de consultation d’oracles, de traitements de thrapie, oprations traditionnelles, par contraste avec les oprations ponctuelles impliques par stips : Kaminski 1991, passim et p. 124 pour la comparaison entre les deux. Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 108 Archiv fr Religionsgeschichte, 11. Band, 2009 s’accorde avec les dimensions notables, donc le cot, de l’objet29. La prcision eius est essentielle : la collecte, certainement associe  un tronc, est destine  Mercure Dubnocaratiacus reprsent par eius 30 ; le sanctuaire associ au dp t de Champoulet comportait peut-Þtre des troncs appartenant  d’autres dieux. En rsum, le dp t de Champoulet peut Þtre mis en relation avec un sanctuaire o sont honors plusieurs dieux, dsigns par un adjectif celtique topique qui reflte une continuit depuis l’indpendance ; les dvots agissent individuellement mais sont aussi assez nombreux pour se constituer en groupe. La datation est plus tardive et plus large que pour Neuvy : entre le milieu du IIe s. et les premires dcennies du IIIe s. Le dernier ensemble envisag n’est pas communment identifi par un lieu (rappelons que sa localisation n’est pas officiellement connue) mais par le nom du dieu : il s’agit des objets lis par leur bnficiaire, deus Cobannus, sur lesquels il est ncessaire d’insister un peu. Actuellement, la plupart des objets attests sont inscrits, mÞme si le dp t en comportait beaucoup d’autres, anpigraphes (tableau 1). Le socle de la statue Cobannus (Getty) porte une ddicace de trs belle facture (AE 1994, 1915 ; 1999, 1173 – 1174 ; voir 1993, 1198) : un citoyen romain, Lucius Maccius Aeternus, d’origine gauloise comme l’atteste son gentilice, magistrat municipal (d’une cit non nomme, mais dsormais identifie comme celle des duens) offert  titre priv une statue  Cobannus. La formule ddicatoire, exactement semblable  celle de Champoulet (Aug(usto) sacr(um) deo Cobanno), est caractristique des nomenclatures des cits duenne et snone : Aug + sacr + deus + nom du dieu31. L’ensemble en possession du couple White-Levy comporte trois inscriptions. Sur le socle d’une statue plus petite que la prcdente mais encore de taille respectable, un prgrin, Geminianus fils de Solinus (noms connus dans les zones celtiques), dclare, par un texte crit au poinÅon, remercier le dieu Cobannus pour l’exaucement de son vœu (AE 2000, 1845). L’intitul ne prsente aucune particularit ; les A, L, M, N, trs similaires  ceux de la statue prcdente, sont banals ; en revanche la forme des U est absolument anormale (fig. 6) ; leur base arrondie ne peut s’expliquer ni par la technique du poinÅonnage, plus facile d’excution que celle de l’incision continue, ni par une simplification du trac, plus compliqu en arrondi qu’en V ; la graphie est proche de celle de la situle mais celle-ci ne prsente pas cette tranget qu’on ne sait comment justifier. Le ddicant de la 29 M.H. Crawford, « Thesauri, hoards and votive deposits », Sanctuaires et sources. Les sources documentaires et leurs limites dans la description des lieux de culte, coll. Centre J. Brard 22, Naples, 2003, p. 69 – 84 ; J.L. Desnier, Oblata stips. Recherches sur les offrandes montaires des lieux sacrs en Gaule  l’poque romaine, thse EPHE ind., Paris, 1983, 3 vol. ; RE, n.s. VI, s.v. stips, A. Hug, 1929, col. 2598 – 2599. 30 Voir bibliographie dans Kaufmann-Heinimann 2007a, p. 221. 31 Voir n. 21 et 26. Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 Dondin-Payre / Kaufmann-Heinimann, Trsors et biens des temples 109 situle, Samotalus fils de Brigo, prgrin  l’onomastique trs rare32, prcise non sa cit d’appartenance, mais la ville d’o il vient : Augustodunum, capitale de la cit des duens (AE 2000, 1847). Certains en ont dduit que cette mention excluait l’association du culte de Cobannus avec les duens, en dpit de la formule votive caractristique : Samotalus apporterait la prcision de son origo parce qu’il rend un culte  l’extrieur de la cit duenne. Il faut inverser le raisonnement : dans les attestations d’origo des prgrins des Gaules centrales, l’appartenance est toujours exprime ainsi : ciuis Eduus, ou simplement Biturix, Senonius ; elle ne situe pas seulement gographiquement, elle affirme l’appartenance au corps civique et les droits affrents33. Se dclarer originaire de, ou venant d’Autun, ne manifeste pas la mÞme chose : Samotalus ne se dit pas duen, car c’est vident, il est dans sa cit ; mais il n’est pas dans sa ville, la capitale, Autun ; il est sur le territoire. Autunois, il s’identifie en territoire duen, comme aujourd’hui un Parisien se prsenterait en le-de-France. Ces deux arguments, formulaire votif et formulaire identitaire suffiraient  retirer dfinitivement le culte de Cobannus, et donc le dp t qui l’atteste, aux Squanes, et  le rattacher aux duens34. Un troisime indice va dans le mÞme sens : une ddicace inscrite sur une stle remarque dans le bois de Couan, prs de Vzelay, chez les duens, d’o , comme on le sait dsormais, provient le dp t, commence par : Aug(usto) sac(rum) [de]o / Cobanno / A […] / AB […] / Leug[…., « Consacr  l’Auguste et au dieu Cobannus … Leug[… [a fait cette offrande … ? » (AE 1993, 1198, Fontenay-prs-Vzelay). Peu importe que la fin ait prÞt  confusion, cette attestation ancre le culte de Cobannus au lieu d’o , on le sait dsormais, provient le dp t. Ce recoupement entre des documents citant le dieu Cobannus a confirm l’authenticit de ce nouvel occupant du panthon gallo-romain, contest tant que son attestation semblait isole, et a attir l’attention sur l’intitul d’une tablette, en caractres grecs et latins, ddie  Gobanos, chez les Helvtes35 ; la parent du thonyme avec celui des ddicaces prcdentes a lgitim l’identification de Gobanos comme le dieu connu ensuite comme Cobannus. On peut ajouter que le transfert du dieu des Helvtes chez les duens est certainement trs prcoce car il s’explique parfaitement par les contacts entre les deux peuples dans les annes 58 av. J.-C. (Caes., Gall. I, 15 et sq). 32 Samotalus, trs rare, est attest  Alsia ; Brigo est un anthroponyme jusque l inconnu. 33 Dondin-Payre 2001, p. 264 – 265. 34 La proposition d’attribution aux duens, faite par Dondin-Payre, Raepsaet-Charlier 1999 puis par Lavagne 1999, doit dsormais Þtre considre comme certaine. 35 Tablette en zinc, trouve  Berne, «  Gobanos, qui passe avec son char par la terre, les habitants de Brenodurum (Berne ?) et de la valle de l’Aar », AE 1994, 1915 ; voir 1993, 1198 ; 1995, 1143 ; 1999, 1116. Fellmann 1991 et 2000. Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 110 Archiv fr Religionsgeschichte, 11. Band, 2009 Le dernier texte de l’ensemble s’explique  la lumire des prcdents : sur le bouclier port par le dieu de la plus petite des statuettes de Cobannus figure une inscription incise trs laide,  peine dchiffrable, proche du graffito, peut-Þtre  lire ainsi : Augustu / sacru(m) / deo Coban/nu / A. (?) plut t que M.(?) Tutu Cassio, soit « Consacr  l’Auguste et au dieu Cobannus ; Aulus (?) Tut(i?)u(s) Cassio (a fait cette offrande) » (AE 2000, 1846). Il est difficile de comprendre pourquoi l’inscription n’a pas t faite sur le socle, disparu, mais indispensable pour que la statuette tienne debout. La graphie est extrÞmement trange, excrable, sans aucune parent avec des textes srs, l’intitul plein d’invraisemblances : le U final, substitu  O, pour Augustu et Cobannu, ou par suppression de la consonne finale, pour sacru, Tutu ; le gentilice Tut(i)u(s) (?),  la fois inconnu et aberrant linguistiquement, rappelle le surnom Tutus ; le surnom Cassio inconnu mais inspir du gentilice Cassius. Non pas des hapax mais des mots dforms, mal orthographis, une onomastique invraisemblable, des incohrences, un emplacement de gravure bizarre, tout ceci veille le soupÅon. Si la statuette est authentique, on peut concevoir des doutes sur l’inscription telle qu’elle a t lue. La facture du texte a paru en accord avec la qualit rustique de la statuette et de son ddicant, homme de peu, dit-on ; cette association, toujours contestable, ne correspond pas  la structure onomastique ternaire de citoyen romain, statut qui n’implique pas la richesse mais un niveau de culture honorable. En dpit de ces problmes, il n’est pas douteux qu’existe un dp t trs important  Cobannus prsentant les caractristiques suivantes : localisation sur le territoire des duens, hors du chef-lieu ; divinit particulirement apprcie par les duens, honore par plusieurs ddicants indpendants les uns des autres, de statuts juridiques varis, qui offrent des objets de grande taille (statues) ou  vocation cultuelle (situle) dans une fourchette chronologique qui s’tend du Ier s. au milieu du IIIe s. Et des milliers de monnaies allant jusqu’au IVe s. Il est trs probable que le dp t rvle l’existence d’un « grand sanctuaire » duen dans le bois de Couan36. *  partir de l’tude de ces trois cas nous allons tenter de cerner les critres qui permettent de dfinir un dp t comme tant associ  un sanctuaire puis leur r le dans l’valuation des biens des temples. Le nombre des objets n’est pas un critre ;  l’vidence il faut qu’il y en ait plusieurs, mais le nombre varie considrablement, pour autant qu’on puisse en 36 Le toponyme Couan (aussi transcrit Couans, ou Couhan, Fellmann 2001) rappelle peutÞtre la prsence du sanctuaire de Cobannus, Rolley 1997. Ce toponyme trs peu diffus n’est pas pris en compte dans les lexiques de noms de lieux. Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 Dondin-Payre / Kaufmann-Heinimann, Trsors et biens des temples 111 juger, c’est--dire sur la base d’valuations, puisqu’on ignore les totaux : plus de 60 objets connus  Berthouville ;  Neuvy, une trentaine ;  Champoulet les huit qui restent sont censs reprsenter  peu prs la moiti du total (mais ce nombre est trs conjectural et probablement trs infrieur  la ralit) ; pour Cobannus, aux huit objets officiellement attests, s’ajoute notamment une grande quantit de statuettes anpigraphes. Un dp t en relation avec un sanctuaire implique la multiplicit et l’abondance, pas ncessairement exceptionnelle. Nous voudrions insister sur les monnaies ; il est rarissime qu’elles aient t conserves, donc elles ne sont pas prises en compte. Cependant, elles devaient Þtre, sinon toujours prsentes, du moins trs frquemment, mais ce sont elles qui disparaissent les premires. Le dp t d’argenterie de Berthouville a t en partie sauv par l’interception de la brouette dans laquelle le paysan avait dpos les grandes pices qu’il se proposait de vendre  « la ville »,  Bernay ; on sait que des objets ont disparu, dont probablement des monnaies. Il en va exactement de mÞme  Neuvy, o Mantellier constata l’absence d’un certain ombre des objets dont il avait entendu parler. Quant  Cobannus, le dp t comportait des milliers de monnaies, qui allaient jusqu’au IVe s., conserves dans le tronc et dans des pots37. Les monnaies font donc partie des dp ts de sanctuaire, elles refltent une thsaurisation au sens propre. Le matriau n’est pas pertinent pour identifier un dp t de sanctuaire. L’unit du matriau est consubstantielle aux dp ts, parce qu’elle constitue le premier critre de tri lors de leur constitution : le mtal est alors spar de la cramique, du bois etc., il est mÞme exceptionnel que les mtaux soient diversifis dans un mÞme dp t. Ces pratiques sont valables pour la plupart des exemples connus, qu’ils soient privs ou collectifs. Les ensembles mtalliques dcouverts sont plus rarement composs de pices d’argenterie, plus prcieuses donc plus vulnrables, que de bronzes ; les cas examins ici sont donc plus reprsentatifs, peut-Þtre pas de la situation relle, mais de l’tat documentaire38. Parce que les lments des dp ts sont en matriau similaire et sont trouvs ensemble, ils sont apprhends comme une entit. Ni l’homognit ni la diversit de la nature des objets ne sont des critres intrinsques ; concrtement, la diversit domine dans tous les cas si bien qu’il est difficile de se prononcer, parfois mÞme de dire si on a affaire  un dp t domestique ou collectif : le caractre disparate d’un dp t peut recouvrir une unit d’intention, les laraires notamment en font foi39. Les offrandes se partagent selon des proportions indtermines, outre les monnaies, entre objets destins  des usages profanes en utilisation secondaire, et objets fabriqus  dessein. Ces derniers peuvent 37 Information prive. 38 Kaufmann-Heinimann 2007b, p. 19 – 20. 39 Exemple de M con, qu’on pense Þtre en partie un dp t de laraire, Mcon 2007, ReyVodoz 2006, p. 220 et sq. Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 112 Archiv fr Religionsgeschichte, 11. Band, 2009 prsenter des caractristiques spcifiques d’o dcoule leur appartenance  un sanctuaire : les statuettes d’une hauteur suprieure  30 cm sont normalement prvues pour une destination publique, non pour une exposition prive ; ainsi,  l’vidence, mÞme anpigraphe, le cheval de Neuvy aurait t associ  une collectivit. En revanche, le sujet des statuettes ne s’inscrit que trs partiellement dans une thmatique religieuse, ce qui n’a rien pour tonner puisqu’un objet n’est pas religieux en lui-mÞme : on peut placer des objets  thme religieux dans une pice de maison comme on pourrait poser un buste de Molire sur sa chemine sans Þtre jamais all au th tre ; inversement, une offrande peut Þtre de n’importe quelle origine, par exemple un bibelot auquel le dvot est attach, ou qui a une porte symbolique qui n’est pas perceptible par tous. Il convient de s’en tenir au principe : « lorsque du mobilier non spcifique est associ directement  des objets dont la vocation cultuelle est sre on peut postuler une vocation similaire  l’ensemble »40. Si sa destination religieuse n’tait explicite, la situle de Cobannus serait considre comme un ustensile de cuisine ; sans sa localisation, la trompe de Neuvy aurait pu appara tre comme un accessoire militaire, de mÞme que la patre anpigraphe de Champoulet si elle n’tait juxtapose  une patre inscrite. Le tronc de Cobannus est emblmatique : cet outil  fonction pratique ne porte pas d’inscription qui le dsigne comme objet consacr,  la diffrence de celui de Trves par exemple41 ; il tait surmont d’une statuette, aujourd’hui disparue, trs probablement divine ; avait-il, comme certains troncs, fait l’objet d’une conscration ? Le fait qu’il serve  rassembler des fonds destins au sanctuaire ou au dieu lui confre une vocation cultuelle, mais n’en fait pas plus une offrande religieuse que les pots emplis de monnaies qui l’accompagnaient42. Les dp ts de temples comprennent, en effet, des lments qui relvent autant d’une intention votive que de l’appartenance  un « inventaire sacr » qui intgre les biens de valeur quelle que soit leur destination43. L’pigraphie peut apporter les critres les plus srs d’appartenance  un sanctuaire  condition de l’utiliser avec discernement : un texte religieux isol ne renvoie pas  un temple (tableau 2). Il faut soit que plusieurs textes citent le mÞme dieu, honor par des personnes diffrentes, sans lien parental, pour liminer les oratoires privs (Cobannus) ; soit que plusieurs textes mentionnent 40 Rey-Vodoz 2006, p. 223. 41 Deniaux 2006, p. 291 – 294 ; cf.  Trves un autel inscrit votif qui sert de tronc, Derks 2006, p. 245. 42 Bien qu’il soit plut t centr sur la Grce, le travail de Kaminski 1991 est fondamental. Pour d’autres troncs relis  des statuettes voir Kaufmann-Heinmann 1998, p. 168 – 180. 43 Baratte 1992, p. 114 – 116. Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 Dondin-Payre / Kaufmann-Heinimann, Trsors et biens des temples 113 plusieurs dieux (Champoulet)44 ; ou bien soit qu’une collectivit soit cite (Neuvy), soit qu’un lment implique une organisation collective (la collecte) ; enfin que le caractre cultuel de certains objets (la situle) soit exprim. L’analyse des personnes impliques n’apporte pas d’information dcisive (tableau 2). Les statuts civiques (prgrins et citoyens romains) des individus, qui, tous, dans nos exemples, ont une onomastique entirement ou fortement celtique, et sont donc tous d’origine locale, varient. Aucun prÞtre, aucune personne  fonction sacerdotale exprime n’intervient comme acteur ; seul un magistrat, L. Maccius Aeternus, nonce son titre de duumvir sur une statue ddie  Cobannus. Cette prcision n’implique pas qu’il intervient  titre officiel, mais, associe  la taille respectable de son offrande, elle confirme que le dp t concerne bien un sanctuaire, probablement comme nous l’avons dit un « grand sanctuaire »45. Elle engage aussi  ne pas mpriser, pour la raison qu’il ne mentionnerait que des prgrins, le dp t de Champoulet dont la composition et la nature sont semblables  ce qu’on sait du dp t de Cobannus. Un dp t de sanctuaire n’est caractris ni par une chronologie brve ni par une chronologie longue (tableau 1), critre dont on ne soulignera jamais assez le caractre alatoire. Champoulet englobe des lments chronologiquement homognes que leur style et leur pigraphie inscrivent dans une fourchette plut t troite, moins d’un demi sicle (fin du IIe s.–dbut du IIIe s.) ; pour autant, ils ne s’chelonnent pas ncessairement sur cette dure : ils peuvent dater tous d’une courte priode  l’intrieur de ce demi sicle, comme ils peuvent avoir t fabriqus en dehors de ce crneau. L’ensemble de Cobannus, beaucoup plus abondant, s’chelonne sur trois sicles au moins. Il faut revenir sur cette question essentielle de datation, la plupart du temps excessivement simplifie : parce qu’on leur assigne une intention de dissimulation matrielle ces dp ts deviennent synonymes, par glissement, de l’ide de menace, donc d’urgence ; de l, on passe, pour les Gaules au moins, aux troubles politiques et aux invasions, et de l  une datation. L’encha nement devient machinal46.  lire les publications, on a l’impression que tous les dp ts de Gaule ont t constitus  partir des premires turbulences sous Commode, et surtout  l’occasion des luttes entre Clodius Albinus et Septime Svre,  partir du dbut du IIIe s., particulirement dans la seconde moiti, lors des invasions de 269 – 270. Ce lieu commun ne doit pas Þtre accept. En premier lieu il faut dissocier trois tapes : 44 Sur la pluralit des dieux d’un sanctuaire et la signification de leur rassemblement, J. Scheid, « Thorie et pratique de l’architecture romaine. La norme et l’exprimentation », tudes offertes  P. Gros, Aix, 2005, p. 94 – 99. 45 Cf. n. 36. 46 L’crasante majorit, pour ne pas dire la totalit, des trsors dont les tudes sont cites en bibliographie envisagent la question chronologique sous cet angle. Ex. Berthouville, H.U. Nuber, « Zum Vergrabungszeitpunkt der Silberfunde von Hildesheim und Berthouville », Bull. Mus. R. Art et Hist. 46, 1974, p. 23 – 29. Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 114 Archiv fr Religionsgeschichte, 11. Band, 2009 les dates de fabrication des offrandes (y compris des objets rutiliss ou imports)47 ; les dates des offrandes ; la date de l’enfouissement qui donne un terminus ante quem. Seule la deuxime srie porte tmoignage d’une pratique cultuelle. Associ  la troisime, elle ouvre des perspectives sur la frquentation, l’volution et la richesse des sanctuaires48 ; ainsi, le dp t du sanctuaire de Cobannus a-t-il t constitu sur une trs longue dure : du cerf au Ier s., aux monnaies du IVe s.  la diffrence des trsors montaires, les « trsors » d’objets rassemblent des lments qui ont t collects dans le cadre de groupes de dvots, de n’importe quel ensemble, familial, de voisinage, ou autre, pendant des dcennies, des sicles mÞme. Il est inutile de s’tonner de la diffrence de style, de typologie, d’appartenance culturelle (dans nos exemples le celtique et le romain) ; les objets ont t fabriqus  des dates diverses, offerts ventuellement (beaucoup) plus tard, utiliss, en ce qui concerne le matriel cultuel, sur une chelle chronologique qui peut Þtre longue. Ils tmoignent de l’imbrication des cultes, de leur coexistence, de leurs associations, de leur terreau socio-culturel. Il est dangereux d’assigner une date valable  un ensemble ; au mieux on peut proposer une fourchette. En liant systmatiquement les dp ts  des priodes de crises, en les fixant au dbut du IIIe s., on dforme leur interprtation : trs souvent, les dp ts de Champoulet et de Neuvy sont assimils ; certes, ils ont en commun leur proximit gographique, mais c’est accessoire ; oublier une diffrence fondamentale, leur cart chronologique, conduit  l’chec de toute comprhension de Neuvy, mlange d’lments compltement celtiques et d’lments compltement romains qui n’a de sens que dans le cadre d’un sanctuaire et de la longue dure. En prenant en compte le fonctionnement courant d’un sanctuaire, on intgre une dimension temporelle, de permanence et d’volution des cultes, des locaux religieux, des dvots, d’impratifs collectifs qui se traduisent par la conservation d’objets. Alors, la nuance pertinente pour dpartager un dp t priv d’un dp t de sanctuaire est la dure de constitution, plus longue pour un sanctuaire que pour un groupe familial, la mmoire collective et rituelle tant plus longue que la mmoire prive. 47 Sur les difficults d’tablir cette chronologie des offrandes, Kaufmann-Heinimann 1998, p. 56 – 59 et 2007, p 29, n. 50. 48 Rey-Vodoz 2006, p. 236 pour la fonte et la revente des objets en mtal. Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 Dondin-Payre / Kaufmann-Heinimann, Trsors et biens des temples 115 Tableau 3 : Critres d’identification de dp ts d’objets en mtal comme dp ts de sanctuaires Exemples Circonstances de dcouverte, mode de stockage Inscriptions Nature des Grande objets ; mode de taille de financement certains objets Neuvy-enSullias Carnutes cache amnage cheval : curie ddicante 2 curateurs 1 dieu trompe : ddicant (?) financement collectif pour le cheval utilisation secondaire cheval (105 cm) sanglier (78 cm) Mercure (50 cm) Champoulet ensemble constitu 3 ddicants Senons cache amnage ? 1 curateur 3 dieux,1 seul qualificatif 1 lieu : Dubnocaratiacum Mercure : financement collectif ex stipe Cobannus duens tronc  offrandes Cobannus 1 situle (76 cm) Cobannus 2 (52 cm) inconnu 4 inscriptions 4 ddicants 1 seul dieu Le principal enseignement de cette numration est qu’aucun critre ne permet  lui seul d’attribuer un dp t  un sanctuaire. Si on fragmente les approches, la possibilit d’existence d’un sanctuaire s’efface. Les informations doivent Þtre recoupes : sans le cheval inscrit, les statuettes de Neuvy pourraient constituer un dp t profane ; de mÞme pour le vase et l’anse de Champoulet, en l’absence des objets ddicacs. L’histoire de l’ensemble de Cobannus est instructive : si les diffrents lots ne sont pas mis en relation, on pourrait entretenir un doute sur la nature et sur l’importance du dp t ; chaque lot concerne la religion, mais pourrait provenir d’un oratoire. La vision globale est fondamentale. * Quelle contribution ces dp ts, une fois identifis, apportent-ils  l’valuation des biens des temples49 ? Si le volume tait le seul critre, le sanctuaire de Berthouville, en Normandie, avec ses dizaines d’objets en argent (qui ne 49 Aubin 2007, p. 54 – 63 ; et Baratte 1996. Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 116 Archiv fr Religionsgeschichte, 11. Band, 2009 reprsentent qu’une partie du lot) aurait la premire place, ce qui n’est gure vraisemblable : la nature parcellaire des informations concernant les dp ts de sanctuaires ne permet pas d’valuer la richesse globale de ceux-ci, dont ils ne constituent qu’un volet ; ils attirent cependant l’attention sur des catgories de biens difficilement perceptibles  partir d’autres sources. La particularit des dp ts de sanctuaires par rapport aux autres « trsors » est que les objets qui les composent ont une double valeur, sacre et financire. F. Baratte a soulign trs justement que, parmi les motivations qui incitent les desservants de sanctuaires  accumuler les biens, intervient l’association que font les fidles entre le prix de ces ensembles et l’influence du dieu50 : si les dvots ont jug bon de se monter si gnreux, c’est parce qu’ils sont satisfaits, donc les autres peuvent avoir la mÞme confiance et la manifester de la mÞme faÅon51. Sans parler des espces montaires, les objets, qu’ils restent en place ou qu’ils soient mis  leur abri, ont une valeur, qui est monnayable52. Les ensembles votifs et rituels peuvent Þtre ngocis, en partie ou en totalit, sous leur forme originelle ou sous forme de matire premire, aprs avoir t fondus ; le produit de la transaction tant alors investi de leur caractre sacr, il est utilis au bnfice du dieu, pour amliorer le sanctuaire, pour lui assurer des revenus ; ou le matriau peut Þtre rutilis pour fabriquer, au profit du sanctuaire, d’autres statues, sur lesquelles le caractre sacr est transfr ; ce cycle est susceptible d’expliquer la frquence de l’association entre dp ts de bronziers et temples53. Il constitue une attestation de la richesse des sanctuaires. La double fonction, sacre et patrimoniale, des dp ts-trsors de sanctuaires justifie la volont de prservation qui prside  leur constitution54. La crainte qu’on invoque le plus souvent, en s’tonnant alors qu’ils n’aient pas t rcuprs  des moments propices, peut-Þtre valable pour la plupart des trsors de particuliers, ne l’est pas pour eux55. Le soin mis  amnager le lieu de leur enfouissement, ventuellement  en prparer les lments, en dmembrant les objets par exemple, caractrise une intention de conserver, de mettre de c t avec minutie, mais ne s’accorde pas avec le secret et la prcipitation engendrs par la peur. Il ne s’agit ni de dissimulation urgente ni de mise au rebut, mais de stockage qui peut avoir des motivations varies, lies  des pratiques cultuelles. Si l’environnement se modifie, les pratiquants du culte se dplacent ; attirs 50 Baratte 1992, p. 111 et n. 1. 51 Sur cet aspect de la relation hommes-dieux dans la religion romaine, J. Scheid, Quand faire, c’est croire. Les rites sacrificiels des Romains, Paris, 2005. 52 Rey-Vodoz 2006, p. 236 – 237. 53 Baratte 1992, p. 117 – 118. Rey-Vodoz 2006, p. 224 ; RE, VI, s.v. favissae Capitolinae, Wissowa, 1909, col. 2054 ; voir http://www.bbk.ac.uk/hca/staff/haynes/favissae.htm. 54 Baratte 1993, p. 4 – 5. 55 Ainsi F. Planet, dans Vaise 1999, p. 175 – 176 : les trsors ont vocation  Þtre rcuprs par ceux qui les ont dissimuls. Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 Dondin-Payre / Kaufmann-Heinimann, Trsors et biens des temples 117 ailleurs par le dveloppement d’une agglomration, par le succs d’un axe commercial, ils dlaissent le sanctuaire qui tombe en dshrence. Alors, les objets cultuels sont rassembls et mis  l’abri (ce pourrait Þtre le cas de Champoulet). Inversement, la prennit d’un sanctuaire entra ne un encombrement, si bien qu’une partie des biens mobiliers doit Þtre stocke en scurit. D’autant que, dans un sanctuaire ancien, la cible de la dvotion peut s’Þtre dplace : des dieux nouvellement introduits clipsent les autres (ce pourrait Þtre le cas de Cobannus par rapport  la monte du christianisme), ou, dans un sanctuaire polyvalent, des cultes traditionnels Þtre supplants (ce pourrait Þtre le cas de Neuvy). Les objets sont enterrs avec respect ; il est inutile de s’interroger sur la raison pour laquelle ils sont rangs soigneusement alors qu’ils seraient « prims » ; offrandes ou instruments de culte, ils appartiennent toujours au sanctuaire56. Ces dp ts, et c’est ce qui justifierait ventuellement leur dsignation comme « trsors » ( l’image des « trsors » des glises), rassemblent des lments qui peuvent avoir t conservs dans les sanctuaires pendant des sicles, Cobannus en fait foi. On ne peut pingler un dp t dans le temps : les objets fabriqus pour Þtre offerts ou en usage secondaire sont devenus des offrandes dans un dlai indtermin aprs leur confection. Chacun des dp ts que nous avons examins prsente un cas de figure diffrent : Champoulet ramass sur une priode assez brve, Cobannus s’chelonnant sur une dure longue, Neuvy cas sans doute intermdiaire. Rests dans le sanctuaire pendant un temps indfini, objets de culte et offrande, montaires ou non, ont t enfouis aprs un intervalle ignor, dans des circonstances diverses. On ignore quelle proportion de l’ensemble des biens des sanctuaires ils reprsentent, mais, s’il faut se garder de les exploiter pour des valuations quantifies, ils tmoignent de la place conomique et sociale des temples. Les objets cultuels et votifs prouvent la vitalit des sanctuaires et rvlent, aussi bien que des couches archologiques superposes, leur richesse, qui traduit leur popularit et leur impact. Il est trs possible que plusieurs dp ts aient t attachs  un sanctuaire. Leur emprise au sol n’a pas toujours t trouve parce qu’on l’a rarement cherche ; situs sur le territoire de la cit et non au chef-lieu, ce ne sont pas pour autant de petits oratoires de domaines, frquents par des paysans, modestes, sans assise financire et sans culture, comme on l’a affirm pour Champoulet o les objets labors, reflets de la civilisation gallo-romaine, sont absolument similaires  ceux de Cobannus. Certes, avec les dp ts de Neuvy, de Champoulet et de Cobannus, nous sommes bien loin des sanctuaires clbres, au patrimoine considrable, du monde grco56 La question, pose dans O. Cavalier, Le trsor d’Apt : un ensemble de vaisselle mtallique gallo-romaine, Avignon, 1988, p. 99 – 103, est inapproprie. Bereitgestellt von | Universitaetsbibliothek Basel Angemeldet Heruntergeladen am | 23.08.15 12:58 118 Archiv fr Religionsgeschichte, 11. Band, 2009 romain57 ; peut-Þtre – encore cela resterait-il  prouver – ne sommes-nous pas tout  fait dans le registre de Notre Dame d’AllenÅon ou de Berthouville58 ; il faut cependant les considrer sous un angle identique, les interprter selon la mÞme grille59.  leur chelle, celle des cits, des provinces, les fidles font individuellement ou collectivement les mÞmes dons, utilitaires, montaires, sans doute aussi fonciers, ex-voto, que les sanctuaires accumulent, stockent, mettent de c t de la mÞme faÅon. Plus modestes, non par le nombre d’objets mais par leur matriau, exerÅant une attraction limite  la population indigne, dans un cadre rgional, ils ne sont pas  mpriser pour autant : ils attestent,  un niveau autre que les lieux prestigieux voqus plus hauts, des pratiques cultuelles, rituelles, patrimoniales semblables. Bibliographie Aubin 2007 = G. Aubin, « Les trsors (montaires) antiques : le mot, les choses et les chercheurs », Mcon 2007, p. 49 – 73 Babelon 1916 = E. 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